samedi 6 janvier 2007

LA LIBYE VA ÉRIGER UNE STATUE POUR LE MARTYR

La Libye a décidé d'ériger une statue de l'ancien président irakien Saddam Hussein, pendu samedi, le représentant sur un gibet, a rapporté jeudi l'agence officielle Jana. Jana n'a pas précisé l'endroit où ce monument allait être placé. Selon l'agence, la statue sera érigée en même temps qu'une autre, similaire, représentant Omar al-Moukhtar, chef du mouvement de résistance contre l'occupation militaire italienne en Libye qui fut exécuté en 1931, lui aussi par pendaison.
Quelques heures après l'exécution de Saddam Hussein, les drapeaux avaient été mis en berne sur les édifices publics libyens et toutes les festivités prévues pour la fête de l'Aïd al-Adha,
la fête du sacrifice, avaient été annulées.

La pendaison de l'ancien président irakien Saddam Hussein est un “acte abject” et “honni de toutes les religions”, a affirmé le Haut

La pendaison de l'ancien président irakien Saddam Hussein est un “acte abject” et “honni de toutes les religions”, a affirmé le Haut
Conseil islamique algérien (HCI), la plus haute autorité religieuse d'Algérie, dans un communiqué
rendu public jeudi. “Cet acte abject est honni par toutes les religions révélées,
qu'il s'agisse du judaïsme, du christianisme ou de l'islam et abhorré par toutes les hautes valeurs humaines et civilisées”, selon la déclaration. “Comment l'humanité saurait-elle rester insensible à la pendaison d'un prisonnier de guerre et ancien chef d'État condamné lors d'une parodie de procès dans un pays occupé par des forces étrangères et en ce jour sacré durant lequel il est interdit de verser le sang humain, de même qu'est interdite la vengeance ?” s'est interrogé le HCI. Pour rappel, l'Algérie avait exprimé dimanche ses “regrets” pour l'exécution, la veille, de Saddam Hussein, la qualifiant de “mise à mort”. Une “prière de l'Absent” a été dite mardi dans toutes les mosquées d'Algérie à la mémoire de l'ancien président irakien. Les prêches de la prière du vendredi y seront consacrés.

Photo du martyr 5




Photo du martyr 4





jeudi 4 janvier 2007

Les relations algéro iraquienne

L’exécution de Saddam Hussein a jeté l’effroi dans les milieux politiques algériens. Si le gouvernement de Nouri Al-Maliki n’était pas en odeur de sainteté chez les décideurs algériens, le spectacle macabre de la pendaison de l’ancien président irakien risque de geler des relations diplomatiques déjà chétives, voire inexistantes.
Une émotion profonde s’est emparée de l’opinion publique algérienne après la diffusion des images de Saddam Hussein sur l’échafaud le matin de l’Aïd. Le Président algérien, qui accomplissait la prière dans la Grande-Mosquée d’Alger, ne cachait pas aussi sa désapprobation face à cet acte barbare. Malgré une réaction diplomatique aussi timide que tardive, l’onde de choc du procédé a secoué les politiques algériens. Le lendemain, les journaux publics sont sortis en noir, signe de deuil, alors que la Télévision algérienne n’a pas diffusé les images de la pendaison, certainement en signe de respect à l’égard du peuple irakien. Le ministre des Affaires religieuses avait même décidé de la prière de l’Absent pour le lendemain dans les mosquées algériennes.
Le triptyque du gouvernement algérien sur l’Irak est limpide. Dès qu’il s’agit du nouvel Irak, Alger réitère une position de principe, certes intransigeante, mais qui semble ne pas coller à la réalité de la situation de l’Irak actuel.
D’abord la question du “retrait des forces étrangères”. Tout en se gardant de citer les forces militaires américaines en Irak, la diplomatie algérienne, à sa tête le président Bouteflika, n’hésite pas à condamner “l’occupation” ou “l’invasion” des termes qui font grincer des dents à Washington.
Malgré qu’Alger soit l’allié des États-Unis dans la guerre contre le terrorisme, le dossier irakien n’a jamais constitué un point d’achoppement entre Algériens et Américains. Car dans cette demande de retrait des forces américaines subsiste une nuance, qui est souvent réitérée dans les grandes occasions diplomatiques et qui stipule, que l’Irak doit “récupérer ses ressources naturelles” trustées par les firmes pétrolières américaines dont un grand nombre est aussi présent dans le Sahara algérien.
Au second plan, la diplomatie algérienne a toujours revendiqué “la réappropriation des Irakiens de leur souveraineté totale”. Ce qui implique la souveraineté territoriale et identitaire. Or, sur ce plan —, ce qui nous amène au troisième point de discorde —, l’Algérie a toujours plaidé pour “la participation de toutes les forces vives irakiennes sans exception”. À savoir la réintégration des forces sunnites. Décoder les anciens du gouvernement irakien issus du Baâth irakien, dans la décision du nouvel État irakien.
De ce fait, la position algérienne paraît totalement décalée quand on observe la tournure des évènements. Malgré les “bonnes intentions” affichées par Maliki, qui reprend une idée toute algérienne de “gouvernement de réconciliation nationale” en Irak, la pendaison de Saddam Hussein est venue démontrer que les chiites d’Irak n’ont cure des recommandations des pays arabes.
Il faut dire que l’opération de charme d’Al-Maliki envers les capitales arabes avait failli aboutir. Sous la pression terrible du département d’État américain, les pays arabes étaient encouragés à accepter la “légitimité” du gouvernement Al-Maliki et avait demandé à Riyad, le Caire ou Alger à aider les Irakiens à réintégrer leur place dans la Ligue arabe. L’accueil glacial des représentants du gouvernement irakien de transition par les ténors arabes avait achevé ce début de dialogue. Alger, comme les autres, ne pouvant se mettre en porte-à-faux avec leurs opinions publiques respectives pour lesquelles la guerre en Irak est une injustice contre le peuple irakien et que les Talabani et autres Al-Maliki ne sont que des “marionnettes” de l’administration américaine.
Boumaza, Ben Bella et Saddam Hussein
Mais d’autres raisons spécifiques aux Algériens font qu’il est difficile d’accorder un quitus aux autorités irakiennes : D’abord, les liens particuliers qui unissaient l’Algérie, de Boumediene à Bouteflika, avec les dirigeants irakiens de l’époque du pouvoir de Saddam Hussein. Des accords irano-irakiens de 1975 à Alger entre le Chah d’Iran et le jeune Saddam au Club-des-Pins, aux missions incessantes de bons offices entre ces deux pays lors de la guerre Irak-Iran qui a coûté à Alger la perte de l’un de ses plus brillants diplomates lors d’un crash d’avion toujours mystérieux, en la personne de Mohamed Seddik Benyahia, en passant par la solidarité sans failles de l’Algérie à l’égard du peuple irakien lors des deux guerres du Golfe, Alger avait occupé une place de choix dans le cœur des maîtres de Bagdad.
De l’aveu même de Bachir Boumaza, ancien président du Sénat algérien dont l’amitié avec Saddam Hussein avait consolidé ce rapprochement, l’Irak avait inscrit un chapitre entier chaque année durant la guerre d’indépendance algérienne dans sa loi de finances sous forme d’aides financières à l’ALN.
Bagdad faisait partie du club très fermé des pays qui avaient cru dans les dirigeants du FLN historique et finançait des achats d’armes pour l’armée algérienne. Boumaza avait d’ailleurs rencontré Saddam, en février 1991 à Bagdad, lors du déclenchement de la première guerre du Golfe, en tant qu’émissaire de Chadli Bendjedid, pour convaincre l’ancien “raïs” irakien de se retirer du Koweït.
Ses liens historiques, portés également par l’ancien président Ahmed Ben Bella, grand admirateur du Baâth irakien, n’allaient pas se distendre au plus fort de l’embargo contre l’Irak.
Des avions d’Air Algérie violaient allègrement l’embargo international emmenant médecins, politiques, patrons et médicaments aux enfants irakiens durant 9 ans.
Un assassinat de diplomates algérien troublant
Mais depuis mai 2003 et la seconde guerre du Golfe, Alger a rompu ses liens avec le nouvel Irak, prôné par les Américains. L’ambassade d’Algérie à Bagdad a été réduite à peau de chagrin, maintenant des diplomates qui n’allaient pas tarder à être pris pour cible. Les “affaires irakiennes” sont suivies depuis l’ambassade d’Algérie à Amman en Jordanie. Longtemps, dans les milieux diplomatiques algériens, on avait considéré que l’enlèvement et l’assassinat des deux diplomates, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, ne répondaient à aucune logique. L’enlèvement était signé Al-Qaïda mais Alger a trouvé choquant le niveau de sécurité dérisoire mis à leur disposition par le gouvernement irakien de transition ainsi que les pesanteurs liées à l’enquête pour retrouver les deux diplomates.
Des relations en peau de chagrin
Cet épisode tragique a fini par achever, quasi définitivement, les néo-relations algéro-irakiennes. Depuis cette date, aucun contact officiel n’a été établi avec le gouvernement irakien actuel qui est évité soigneusement lors des rendez-vous internationaux.
D’ailleurs, le président Bouteflika ne rate pas une occasion pour reprendre le leitmotiv sur le dossier irakien comme lors d’un récent discours : “Il est indispensable et urgent de mettre fin à la présence des troupes étrangères dans ce pays et de permettre au peuple irakien de disposer librement de son destin. Nous appelons également les Irakiens à mettre fin à leurs différends et à leurs luttes intestines qui ne peuvent que favoriser la crise dans laquelle ils sont plongés et faire durer l’occupation étrangère qui pèse sur leur pays.”
Reste qu’une position trop radicale avec un Irak contrôlé par des chiites apparemment fanatiques à un aussi haut niveau de la responsabilité n’est pas à même d’aider l’administration Bush embourbée dans la région. C’est dans cet équilibre que se tient la position algérienne qui, dans la réalité quotidienne, n’a plus de relations tangibles avec l’Irak d’Al-Maliki.
Avec l’odieuse manière d’exécuter Saddam Hussein, Bagdad vient de signer la mort de relations bilatérales. À La Havane, lors du 16e Sommet non-alignés, Bouteflika avait, dit-on, adopté, à contre-cœur, la déclaration de soutien au plan de réconciliation de Nouri Al-Maliki qui devait renforcer “l’unité nationale” irakienne.

Le marketing de l’horreur

Après les images de sa montée à la potence et de sa dépouille diffusées, depuis samedi, en boucle par toutes les chaînes de télévision du monde, c’est l’intégralité de la pendaison de Saddam Hussein qui se propage sur internet cette fois-ci.
Tournée, semble-t-il, au moyen d’un téléphone portable, cette vidéo, d’une durée de 2 minutes 36, fait, depuis dimanche, le tour de la planète. L’engouement des téléspectateurs et des internautes pour ces images est tellement important qu’il suscite crainte, indignation et interrogation. A quoi sert la diffusion mondiale de l’exécution de l’ex-président irakien ? Pourquoi a-t-on tenu à montrer le dernier châtiment réservé au président déchu ? Les Américains, à l’origine de cette exécution, voulaient-ils humilier encore plus Saddam et le monde musulman en choisissant le jour de l’Aïd El Adha pour l’exécuter ? En tout cas, la moralité des médias, qui ne voulaient pas faire un ratage d’un tel événement, et de l’internet est déjà mise à l’index. Ces images-chocs ont provoqué un sentiment de malaise tant chez les Arabes que chez les observateurs européens et des ONG internationales. En effet, le président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a déclaré avoir « ressenti de la répulsion face à des images d’un voyeurisme extrêmement malsain ». Des séquences qui, selon lui, rappellent l’exécution du dictateur roumain Nicolae Ceausescu et de sa femme en 1989. Ces derniers en ont été, rappelons-le, fusillés publiquement. Les images de Saddam, une épaisse corde au cou, entouré de bourreaux encagoulés, ont horrifié plus d’un. « Les images de Saddam Hussein avec une corde autour du cou sont extrêmement dérangeantes et n’étaient pas indispensables », s’est insurgé Menzies Campbell, leader du deuxième parti d’opposition britannique, les libéraux démocrates, connus pour leur opposition à la guerre en Irak. La vidéo de l’exécution du raïs « choque le monde entier », a estimé, pour sa part, le quotidien populaire autrichien Österreich. Dans le même sens, George Galloway, un député britannique qui s’est distingué par des positions anti-guerre contre l’Irak, a jugé ces images comme « un lynchage sordide ». La diffusion des images de la pendaison était, selon Nadim Shehadi, spécialiste du Moyen-Orient au centre de recherche londonien Chatham House, « un symbole pour montrer que c’était la fin de Saddam ». Cela n’est pas l’avis de l’ancien ministre anglais, Malcolm Rifkind, qui a estimé que « ces images étaient destinées pour un public arabe toujours méfiant envers les informations des médias là-bas ». Toutefois, de nombreux observateurs ont mis en garde contre le danger que présentent ces images dans un Moyen-Orient profondément divisé. « Elles (les images) vont devenir la plus grande erreur politique », a déclaré George Galloway, député britannique, qui fait le lien avec la diffusion des photos d’Ernesto Che Guevara, exécuté en 1967 en Bolivie avec l’aide des Etats-Unis et qui est devenu par la suite l’icône des révolutionnaires sud-américains. Selon lui, Saddam Hussein a obtenu enfin ce qui lui manquait pendant qu’il était vivant : « Le statut de martyr et de héros arabe. » C’est ce que prévient, d’ailleurs, la candidate à la présidence en France, Ségolène Royale, en précisant qu’« il ne faut pas que la manipulation de ces images finisse par créer un sentiment de solidarité avec un dictateur dont les actes sont indéfendables ». La même crainte a été mise en avant par le quotidien grec Kathimérini en affirmant que l’exécution risque de transformer Saddam en « symbole du nationalisme arabe ». Dans le monde arabe et musulman où le choix de la date d’exécution a provoqué des sentiments exacerbés, on atteste que les images en question vont attiser les émotions antiaméricaines des masses. « Les images vont recréer de la colère et de la frustration pour une large partie des masses arabes. Une fois de plus, les Arabes ont senti qu’il y avait un complot contre leurs symboles », a souligné la majorité des analystes politiques arabes.

Les ferments de la haine

L’exécution de l’ex-président irakien Saddam Hussein a pu être comparée à celle du dictateur roumain Nicolae Ceaucescu. Mais dans ce cas de figure, comparaison n’est pas raison car les contextes dans lesquels ont été jugés et condamnés les deux hommes diffèrent à nombre d’égards. Ceaucescu, aussitôt renversé, avait été déféré devant un tribunal qui prononça contre lui et son épouse Eléna une sentence de mort aussitôt appliquée. Le conducator avait été jugé par des Roumains hors de toute ingérence étrangère. Ce n’était pas le cas pour Saddam Hussein dont le long procès s’est déroulé dans un contexte d’occupation militaire étrangère. Dans de telles conditions, la légitimité du tribunal qui a jugé l’ex-président irakien peut être contestée tout autant d’ailleurs que sa compétence. Saddam Hussein était accusé de crimes contre l’humanité et la seule instance apte à se prononcer sur ses responsabilités devait logiquement être le Tribunal pénal international qui a eu à connaître notamment du cas de l’ex-président serbe Milosevic. Toutefois, Saddam Hussein ne pouvait pas être présenté au TPI car d’une part, cette instance n’est pas reconnue par les Etats-Unis, et d’autre part, le président irakien déchu, fait prisonnier par l’armée d’occupation américaine, devait disparaître. Les Américains ont élaboré le scénario qu’ils pensaient le plus plausible : celui de la mise en place d’un tribunal constitué de juges irakiens qui auraient à décider de la peine de mort contre Saddam Hussein qui a eu droit -si on peut le dire comme ça- à un procès exclusivement à charge. Sa cause était entendue de longue date. Si les juges étaient Irakiens, le centre de décision était américain. Il est significatif de relever que le procès de Saddam Hussein semblait hors du temps dans un Irak à feu et à sang à un point tel que le jugement du président déchu ne pouvait pas constituer une priorité plus imminente que celle du rétablissement de la paix et du retour à une souveraineté pleine et entière de ce pays. La mort de Saddam Hussein ne va certainement pas aider à apaiser une société irakienne en proie à de tragiques effusions de sang. L’occupation militaire américaine se solde, depuis 2003, par des dizaines de milliers de morts sans qu’aucun des responsables de ce bain de sang n’ait eu à rendre compte de ses actes devant une justice irakienne bien virtuelle dans un autre domaine que celui qui touche le régime de Saddam Hussein. Qu’en sera-t-il à l’avenir ? Il conviendrait de savoir ce que pourront dire ces juges irakiens lorsque leurs compatriotes leur demanderont de justifier leur collaboration avec une armée d’occupation étrangère. L’épisode de la pendaison de Saddam Hussein laissera à n’en point douter une trace indélébile dans l’inconscient collectif des Irakiens. L’ex-président irakien s’il ne pouvait être exonéré d’actes graves qui lui ont été reprochés ne pouvait être jugé que dans un cadre consensuel pour tous les Irakiens. La crainte est que sa mort ne creuse davantage le fossé entre les communautés chiite et sunnite. Les Américains, qu’ils restent encore en Irak ou qu’ils s’en retirent, ont, d’ores et déjà, miné ce pays en profondeur car ils y ont semé les ferments de la haine et du ressentiment entre Irakiens. Après l’Afghanistan, l’Administration Bush a fait de l’Irak un Etat factice gouverné par un pouvoir non moins factice parce que l’un et l’autre n’existent que par le bon vouloir de la Maison-Blanche. Les Etats-Unis ne se maintiendront en Irak que pour préserver leurs intérêts énergétiques : ils ne peuvent pas l’envisager pour l’éternité. Quelle sera alors la posture morale, politique, du gouvernement irakien mis en place par l’autorité militaire étrangère lorsque les conditions d’un face-à-face tragique seront réunies ? C’est en cela que, pour l’Irak, le plus dur est encore à venir.

Sunnites contre chiites : Le « war game » de Washington

Les affrontements entre des factions activistes sunnites et chiites en Irak, qui semblent connaître une nouvelle poussée de fièvre meurtrière depuis l’exécution de Saddam Hussein, font le jeu de la théorie américaine du « chaos constructif ».
Euphémisme inventé par Washington pour légitimer la politique de terre brûlée pratiquée en Mésopotamie. Le schéma semble assez simple : les chiites irakiens, 60% de la population, longtemps réprimés et marginalisés, ont choisi l’attitude du « wait and see » lors de l’invasion américano-britannique en 2003. Un choix implicitement défendu par la plus haute référence religieuse chiite irakienne, l’ayatollah Ali Sistani, d’origine iranienne. La récompense US a été une réintégration de la majorité chiite dans le jeu politique, avec un contrôle notamment des services de sécurité, du ministère de l’Intérieur et une majorité parlementaire sous l’autorité de la famille Al Hakim, longtemps exilée en Iran. Des groupes armés se disant sunnites se sont depuis jurés d’en finir avec les chiites, accusés de collaboration et avec l’occupant américain et avec Téhéran. Le problème politique de démocratisation et de fin de l’occupation s’est soudain transposé dans le giron confessionnel. Le pire venait d’arriver. Dernier développement de ce cycle entretenu de violence et d’amalgame, le message diffusé hier sur Internet par « l’émir » de l’Armée islamique en Irak (AII), un des principaux groupes de la guérilla dite sunnite du pays, où il a appelé les musulmans à « sauver Baghdad de l’occupation iranienne », estimant que l’Iran est pire que les Etats-Unis. Se dirige-t-on pour autant vers une guerre des religions pouvant embraser toute la région ? Pas sûr, affirment des analystes. Car au fond, comme a prévenu Sayyed Fadhlallah, chef spirituel du Hezbollah chiite libanais, le jeu américain se concentre sur l’exacerbation d’une discorde entre les musulmans chiites et sunnites, pour un double objectif : plonger l’Irak dans plus de chaos et maintenir l’Iran pas trop loin du tourbillon. Cela apparaît comme la nouvelle stratégie US qui cible l’atomisation des Etats-Nations arabes et musulmans au profit de l’hégémonie régionale du traditionnel allié israélien. Israël, ironie de l’histoire, pays construit à base de fondements théologiques.
Géographie chiite
Mais le discours des stratèges américains sur la peur de l’épanouissement d’un « arc chiite » au Moyen-Orient, afin de monter les Etats et monarchies arabes sunnites contre l’Iran, persane et chiite, rencontre une difficulté de taille. Représentant 10% des musulmans à travers le monde, les chiites, alliés en grande partie des Américains en Irak, ennemis jurés en Iran et au Liban, diverses par leurs implantations géographiques et leurs écoles de pensée, laïcisant au Pakistan et en Turquie, théocrates en Iran, ne constituent nullement une masse homogène. Même si leur dispersion démographique semble pertinente : la grande école chiite, les duodécimaux (El Ithnaâchria) représentent actuellement plus de 80% de la population iranienne, 60% en Irak. La répartition des chiites dans les autres pays de la région est comme suit : 30% au Liban, près de 50% au Koweït et dans les Emirats arabes unis, plus de 20% en Azerbaïdjan, en Afghanistan et au Pakistan, 66% au Bahrein, 10% en Syrie (les alaouites, au pouvoir). En Arabie Saoudite, les chiffres sont absents mais les chiites sont implantés dans les régions riches en pétrole, à l’Est du Royaume. Profondément attaché à la notion de justice et de lutte contre les « puissants » (al moustakbirin), le chiisme politique a subi l’influence du marxisme et des théoriciens de la libération anti-coloniale (Frantz Fanon à travers l’Iranien Ali Chariati). Une donne que les Américains tentent de présenter comme menace contre les monarchies du Golfe et certains pays arabes (que Washington appelle « sunnites modérés », une appellation grave de conséquences) qui voient d’un mauvais œil la montée en puissance de l’Iran. Dans ce pays, le défi des réformateurs dépasse les frontières de l’ancienne Perse : éviter un isolement croissant de l’Iran -la problématique du nucléaire est au cœur de ce problème- et insister sur l’unité du monde musulman face aux nouvelles menaces d’hégémonie américaine dans la région et dans le monde.

La chaîne sunnite Al Sharqiya fermée

Le ministère de l’Intérieur irakien a procédé hier à la fermeture de la chaîne de télévision privée Al Sharqiya (L’Orientale, reçue en Algérie sur le satellite Nilesat). Pour justifier cet « acte de censure », le général Abdel Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a évoqué des raisons liées à la sécurité publique.
Le gouvernement irakien accuse Al Sharqiya d’avoir incité les Irakiens à la « violence confessionnelle », dans ses dernières éditions liées à l’exécution de Saddam Hussein. « Les bureaux de la chaîne de télévision Al Sharqiya à Baghdad ont été fermés pour une durée illimitée sur ordre du ministère de l’Intérieur. La chaîne n’a pas respecté la loi et incite les Irakiens à la violence confessionnelle », a-t-il indiqué à l’AFP. La chaîne continue cependant de diffuser ses émissions, à partir de son siège de Dubaï. Al Sharqiya est le premier canal satellitaire privé en Irak. Il appartient à l’homme d’affaires irakien, installé à Londres, Saad Bazzaz. La chaîne, lancée en mars 2004, et qui a commencé la transmission régulière le 4 mai de la même année, a vite gagné une large audience grâce à son mélange des affaires courantes à la satire populaire et aux sautes humoristiques, poussant l’amusement chez le nouvel Irak. Selon un sondage réalisé par Ipsos-Statut en juin 2006, la chaîne possède 40% de l’audience. La chaîne avait l’ambition d’élargir son audience en misant sur « la satire », la « comédie politique » et le reportage impartial, inexistant depuis des décennies dans les « mœurs journalistiques » irakiennes. Pour mémoire, le gouvernement irakien s’est déjà illustré par la fermeture d’autres chaînes de télévision accusées de semer la division et la discorde entre différentes ethnies et confessions irakiennes. Ainsi et sur instruction du Premier ministre, Nouri Al Maliki, le ministère de l’Intérieur avait fermé les bureaux à Baghdad des chaînes de télévision Al Zaoura (qui diffuse toujours) et Salaheddine, dirigées par des sunnites, pour toujours le même motif : « Incitation à la violence ». Cette décision est directement liée au traitement réservé au procès de Saddam Hussein et le verdict du tribunal spécial irakien qui a prononcé la peine de mort à l’encontre du président déchu pour les crimes commis contre des chiites durant ses longues années de règne sans partage. Par ailleurs, le comité de défense de Saddam Hussein a exprimé hier son indignation par rapport au climat qui a entouré l’exécution du président irakien déchu et a dénoncé le fait qu’aucun représentant de la défense n’y avait assisté. « Nous dénonçons le climat de haine et de vengeance politique qui a entouré l’exécution du président martyr Saddam Hussein », indique-t-il dans un communiqué rendu public à Amman et repris en partie par l’AFP. Le comité de défense a affirmé qu’aucun représentant n’a été informé de l’heure ni du lieu de l’exécution de Saddam Hussein, accusant directement l’Administration américaine d’avoir « délibérément ignoré les avocats ». Alors que des manifestations de dénonciation de l’exécution de Saddam Hussein se poursuivent dans certaines capitales arabes, le premier jour de 2007 n’était pas calme en Irak. Les actes de violence se sont poursuivis hier. On dénombre ainsi la mort de trois soldats irakiens dans un accrochage avec des inconnus dans la nuit de dimanche à Falloujah, à 50 km à l’ouest de Baghdad, comme a indiqué hier une source policière, citée par l’APS. L’accrochage s’est produit au quartier d’Al Askari lorsque des « insurgés » ont attaqué une base de l’armée irakienne, ajoute la même source, précisant que deux autres soldats ont été grièvement blessés. Quelque temps avant cette attaque, une famille de cinq personnes, dont trois enfants, a été décimée par des individus inconnus, alors qu’ils venaient de rendre visite à des parents à la prison de Badouche, près de Mossoul, dans le nord de l’Irak. En revanche, à Baghdad, l’armée américaine a annoncé avoir tué, hier matin, six résistants irakiens. Cela a été fait, affirme-t-on dans un communiqué repris par l’AFP, au cours d’une opération contre une « cache » dite d’Al Qaîda, découverte au centre de la capitale irakienne. La chaîne sunnite Al Sharqiya fermée
Le ministère de l’Intérieur irakien a procédé hier à la fermeture de la chaîne de télévision privée Al Sharqiya (L’Orientale, reçue en Algérie sur le satellite Nilesat). Pour justifier cet « acte de censure », le général Abdel Karim Khalaf, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a évoqué des raisons liées à la sécurité publique.
Le gouvernement irakien accuse Al Sharqiya d’avoir incité les Irakiens à la « violence confessionnelle », dans ses dernières éditions liées à l’exécution de Saddam Hussein. « Les bureaux de la chaîne de télévision Al Sharqiya à Baghdad ont été fermés pour une durée illimitée sur ordre du ministère de l’Intérieur. La chaîne n’a pas respecté la loi et incite les Irakiens à la violence confessionnelle », a-t-il indiqué à l’AFP. La chaîne continue cependant de diffuser ses émissions, à partir de son siège de Dubaï. Al Sharqiya est le premier canal satellitaire privé en Irak. Il appartient à l’homme d’affaires irakien, installé à Londres, Saad Bazzaz. La chaîne, lancée en mars 2004, et qui a commencé la transmission régulière le 4 mai de la même année, a vite gagné une large audience grâce à son mélange des affaires courantes à la satire populaire et aux sautes humoristiques, poussant l’amusement chez le nouvel Irak. Selon un sondage réalisé par Ipsos-Statut en juin 2006, la chaîne possède 40% de l’audience. La chaîne avait l’ambition d’élargir son audience en misant sur « la satire », la « comédie politique » et le reportage impartial, inexistant depuis des décennies dans les « mœurs journalistiques » irakiennes. Pour mémoire, le gouvernement irakien s’est déjà illustré par la fermeture d’autres chaînes de télévision accusées de semer la division et la discorde entre différentes ethnies et confessions irakiennes. Ainsi et sur instruction du Premier ministre, Nouri Al Maliki, le ministère de l’Intérieur avait fermé les bureaux à Baghdad des chaînes de télévision Al Zaoura (qui diffuse toujours) et Salaheddine, dirigées par des sunnites, pour toujours le même motif : « Incitation à la violence ». Cette décision est directement liée au traitement réservé au procès de Saddam Hussein et le verdict du tribunal spécial irakien qui a prononcé la peine de mort à l’encontre du président déchu pour les crimes commis contre des chiites durant ses longues années de règne sans partage. Par ailleurs, le comité de défense de Saddam Hussein a exprimé hier son indignation par rapport au climat qui a entouré l’exécution du président irakien déchu et a dénoncé le fait qu’aucun représentant de la défense n’y avait assisté. « Nous dénonçons le climat de haine et de vengeance politique qui a entouré l’exécution du président martyr Saddam Hussein », indique-t-il dans un communiqué rendu public à Amman et repris en partie par l’AFP. Le comité de défense a affirmé qu’aucun représentant n’a été informé de l’heure ni du lieu de l’exécution de Saddam Hussein, accusant directement l’Administration américaine d’avoir « délibérément ignoré les avocats ». Alors que des manifestations de dénonciation de l’exécution de Saddam Hussein se poursuivent dans certaines capitales arabes, le premier jour de 2007 n’était pas calme en Irak. Les actes de violence se sont poursuivis hier. On dénombre ainsi la mort de trois soldats irakiens dans un accrochage avec des inconnus dans la nuit de dimanche à Falloujah, à 50 km à l’ouest de Baghdad, comme a indiqué hier une source policière, citée par l’APS. L’accrochage s’est produit au quartier d’Al Askari lorsque des « insurgés » ont attaqué une base de l’armée irakienne, ajoute la même source, précisant que deux autres soldats ont été grièvement blessés. Quelque temps avant cette attaque, une famille de cinq personnes, dont trois enfants, a été décimée par des individus inconnus, alors qu’ils venaient de rendre visite à des parents à la prison de Badouche, près de Mossoul, dans le nord de l’Irak. En revanche, à Baghdad, l’armée américaine a annoncé avoir tué, hier matin, six résistants irakiens. Cela a été fait, affirme-t-on dans un communiqué repris par l’AFP, au cours d’une opération contre une « cache » dite d’Al Qaîda, découverte au centre de la capitale irakienne.

Le Hiroshima des nationalismes arabes

Une nouvelle ère a commencé pour les pays arbo-musulmans. Ils sont aujourd’hui la cible évidente d’une série d’actions visant à ioniser les sociétés musulmanes de pays arabes à charges électriques opposées, à l’anode sunnite ou à la cathode chiite ou inversement.
Ainsi, l’on assiste, sans vraiment comprendre et impuissant, à l’effet de « bombardements atomiques » des nations entières, commençant dans les pays comme l’Irak, l’Afghanistan où le théâtre des opérations d’atomisation a atteint l’apogée et montré les dégâts. Cette ère nouvelle, dont il n’est pas dit que la mise en forme a coïncidé avec le détonateur du 11 septembre 2001, a en tout cas eu toutes les faveurs de l’occupation américaine et de ses alliés dans le pays des Irakiens. L’occupation militaire de ce pays, pour ne s’attarder que sur cet exemple tandis qu’en vérité le phénomène s’étend sournoisement, sous l’effet de ses radiations, sur la terre des pays arabes et musulmans, a permis en effet d’attiser les facteurs de rupture du socle nationaliste par le moyen de la manipulation des appartenances confessionnelles que sont le chiisme et le sunnisme. Il ne s’agit donc rien moins que d’une entreprise dont l’objectif est de démonter les nationalismes en place en procédant par l’action de morceler la société suivant des référents religieux ataviques. Une opération qui a mérité les soins de la manipulation nucléaire, au sens où la société, tel l’uranium, est en train de subir le processus d’enrichissement, qui à terme devra aboutir à sa transformation en une « bombe atomique ». Si tel scénario n’existait pas encore dans certains pays arabes, dans certaines sociétés musulmanes plus précisément, peut-être que l’Irak s’est déjà vu lâcher sur sa société cette bombe tant redoutée. Ce pays qui pour l’instant ne donne pas la preuve d’avoir disposé de l’arme nucléaire, dont l’accusaient les Etats-Unis contre les conclusions mêmes de l’AIEA et de beaucoup de pays influents du monde occidental, ce pays donc semble pourtant en avoir reçu une qui soit d’une toute autre nature et dont le nom pourrait correspondre à l’affrontement « enrichi » entre chiites et sunnites. Alors Hiroshima des nationalismes arabes ? Le point de départ semble être actuellement la terre irakienne où l’éclatement de la société risque d’aller vers plus de complications sous l’effet de la conflagration des parties. Des observateurs ont eu à attirer l’attention sur les dangers qui guettent la région du foyer de l’Irak. Celui-ci sans être le seul, ce sont les pays de l’aire géographique où il se situe qui sont aussi exposés à ce phénomène qui prend appui sur « une dérive sémantique » qui consiste à diviser une société par une ligne de démarcation, avec les chiites d’un côté et les sunnites de l’autre dans une ambiance de confrontation directe. L’atomisation est ainsi poussée jusqu’à désigner, comme seul référent identitaire, les mêmes Irakiens selon leur obédience religieuse. Partout dans les pays musulmans, ce risque est susceptible de se reproduire sous l’effet de la contagion et d’avoir entretenu une nouvelle littérature politique dont les termes imposés, comme le sunnisme et le chiisme, restent le prélude à la division, à la confrontation ou carrément à la désagrégation de la société sur laquelle l’anarchie s’installe. Démonter les nationalismes ? Selon toute apparence, il en est apparemment de cette entreprise pour les pays dont le pouvoir présente de la gestion des affaires de son pays un cas de problématique pour les puissances de ce monde. On trouve aisément un élément d’explication au sens même de ce que c’est que la mondialisation actuelle dans une des déclarations de Michel Camdessus, ex-DG du FMI, lors de l’une de ses interventions à Alger en 2001 sur les questions économiques. « Les pays sont pris dans un tel réseau avec le monde qu’alors chaque pays doit au monde de se gérer au mieux », avait-il dit pour expliquer le sens de la mondialisation. Ainsi chaque pays doit au monde de se gérer au mieux. Il peut s’agir en effet de l’avenir de la planète, mais aussi des intérêts des pays les plus forts aujourd’hui. Car au menu de la hantise des superpuissances se comptent déjà l’énergie et l’eau. Le Hiroshima des nationalismes arabes
Une nouvelle ère a commencé pour les pays arbo-musulmans. Ils sont aujourd’hui la cible évidente d’une série d’actions visant à ioniser les sociétés musulmanes de pays arabes à charges électriques opposées, à l’anode sunnite ou à la cathode chiite ou inversement.
Ainsi, l’on assiste, sans vraiment comprendre et impuissant, à l’effet de « bombardements atomiques » des nations entières, commençant dans les pays comme l’Irak, l’Afghanistan où le théâtre des opérations d’atomisation a atteint l’apogée et montré les dégâts. Cette ère nouvelle, dont il n’est pas dit que la mise en forme a coïncidé avec le détonateur du 11 septembre 2001, a en tout cas eu toutes les faveurs de l’occupation américaine et de ses alliés dans le pays des Irakiens. L’occupation militaire de ce pays, pour ne s’attarder que sur cet exemple tandis qu’en vérité le phénomène s’étend sournoisement, sous l’effet de ses radiations, sur la terre des pays arabes et musulmans, a permis en effet d’attiser les facteurs de rupture du socle nationaliste par le moyen de la manipulation des appartenances confessionnelles que sont le chiisme et le sunnisme. Il ne s’agit donc rien moins que d’une entreprise dont l’objectif est de démonter les nationalismes en place en procédant par l’action de morceler la société suivant des référents religieux ataviques. Une opération qui a mérité les soins de la manipulation nucléaire, au sens où la société, tel l’uranium, est en train de subir le processus d’enrichissement, qui à terme devra aboutir à sa transformation en une « bombe atomique ». Si tel scénario n’existait pas encore dans certains pays arabes, dans certaines sociétés musulmanes plus précisément, peut-être que l’Irak s’est déjà vu lâcher sur sa société cette bombe tant redoutée. Ce pays qui pour l’instant ne donne pas la preuve d’avoir disposé de l’arme nucléaire, dont l’accusaient les Etats-Unis contre les conclusions mêmes de l’AIEA et de beaucoup de pays influents du monde occidental, ce pays donc semble pourtant en avoir reçu une qui soit d’une toute autre nature et dont le nom pourrait correspondre à l’affrontement « enrichi » entre chiites et sunnites. Alors Hiroshima des nationalismes arabes ? Le point de départ semble être actuellement la terre irakienne où l’éclatement de la société risque d’aller vers plus de complications sous l’effet de la conflagration des parties. Des observateurs ont eu à attirer l’attention sur les dangers qui guettent la région du foyer de l’Irak. Celui-ci sans être le seul, ce sont les pays de l’aire géographique où il se situe qui sont aussi exposés à ce phénomène qui prend appui sur « une dérive sémantique » qui consiste à diviser une société par une ligne de démarcation, avec les chiites d’un côté et les sunnites de l’autre dans une ambiance de confrontation directe. L’atomisation est ainsi poussée jusqu’à désigner, comme seul référent identitaire, les mêmes Irakiens selon leur obédience religieuse. Partout dans les pays musulmans, ce risque est susceptible de se reproduire sous l’effet de la contagion et d’avoir entretenu une nouvelle littérature politique dont les termes imposés, comme le sunnisme et le chiisme, restent le prélude à la division, à la confrontation ou carrément à la désagrégation de la société sur laquelle l’anarchie s’installe. Démonter les nationalismes ? Selon toute apparence, il en est apparemment de cette entreprise pour les pays dont le pouvoir présente de la gestion des affaires de son pays un cas de problématique pour les puissances de ce monde. On trouve aisément un élément d’explication au sens même de ce que c’est que la mondialisation actuelle dans une des déclarations de Michel Camdessus, ex-DG du FMI, lors de l’une de ses interventions à Alger en 2001 sur les questions économiques. « Les pays sont pris dans un tel réseau avec le monde qu’alors chaque pays doit au monde de se gérer au mieux », avait-il dit pour expliquer le sens de la mondialisation. Ainsi chaque pays doit au monde de se gérer au mieux. Il peut s’agir en effet de l’avenir de la planète, mais aussi des intérêts des pays les plus forts aujourd’hui. Car au menu de la hantise des superpuissances se comptent déjà l’énergie et l’eau.

Exécution à la far west

Concernant la presse européenne, celle-ci a dans sa globalité estimé que la mort de Saddam Hussein ne règle aucun des problèmes auxquels est confronté l’Irak. De nombreux quotidiens ont condamné aussi la transformation en « spectacle barbare » de l’exécution de l’ancien président devant les caméras de télévision. Mais certains espèrent tout de même que la pendaison de samedi à l’aube permettra de tourner la page. L’hebdomadaire dominical allemand Bild am Sonntag a estimé que l’heure n’est pas à la « joie » ou au « soulagement », car « la mort de Saddam ne règle aucun des problèmes que la campagne militaire contre lui a créés ». « Et après ? », s’est interrogé le quotidien français Le Journal du dimanche en première page. De son avis, la condamnation de Saddam Hussein ne change rien sur le terrain. L’hebdomadaire britannique Sunday Telegraph de la droite a affirmé qu’il serait « naïf de penser que cette exécution va mettre fin à la violence interconfessionnelle qui s’est emparée de l’Irak depuis que la coalition conduite par les Etats-Unis a renversé Saddam en mars 2003 ». Cette pendaison, ajoute en outre le journal, pourrait « porter en elle le germe de la séparation nécessaire entre les loyalistes du parti Baas qui a dirigé l’Irak pendant trois décennies et les islamistes extrémistes ». L’Observer de la gauche a espéré de son côté que le Premier ministre Tony Blair va pouvoir persuader le président George W. Bush de surmonter sa réticence à demander l’aide de la Syrie et de l’Iran pour mettre fin à la violence en Irak. Pour le journal espagnol El Pais, « le gouvernement irakien a tenté sans aucun doute de réduire l’impact populaire de la mort de Saddam. Mais Baghdad n’a pas seulement perdu une opportunité de faire preuve de magnanimité dont l’Irak a désespérément besoin (...). Il a aussi raté la possibilité de juger Saddam pour ses crimes contre l’humanité », a ajouté le quotidien. El Mundo (centre droit) a jugé que « le gouvernement irakien a transformé l’exécution en spectacle télévisé » et ABC (de la droite) s’est demandé « jusqu’à quel point on peut transformer une exécution en spectacle multimédia ». Plusieurs journaux italiens qualifient de « spectacle barbare » l’exécution de Saddam Hussein. Autre écho, en Roumanie, selon l’AFP, le quotidien Evenimentul Zilei fait un parallèle avec l’exécution du dictateur Nicolae Ceusescu, le 25 décembre 1989, après un procès sommaire. La sortie complète du régime communiste « a eu aussi un lien avec une démocratie née d’une mort brutale », a souligné ce journal. En Croatie, le quotidien Jutarnji List estime que l’Irak n’avait pas d’autre choix. « Saddam Hussein a été l’un des tyrans les plus morbides du XXe siècle (...) et devait être condamné à mort dans un pays où cette peine existe. » La presse grecque a dénoncé la mise en scène « barbare » et « humiliante » dont ont fait preuve les exécuteurs de Saddam et craint que l’exécution de l’ex-président de l’Irak ne fasse imploser ce pays. « Risque de guerre civile et de conflit généralisé dans le Golfe », a titré le libéral Kathimérini. « Choc devant la barbarie » a noté le journal Elefthérotypia, pour qui la pendaison a « changé le dictateur en martyr ». En revanche, en Suède, le journal Dagens Nyheter a regretté qu’avec l’exécution de Saddam aucune des accusations majeures contre lui n’ira jusqu’à son terme. Par ailleurs, les journaux turcs, libéraux ou pro-islamistes, ont tous dénoncé la pendaison de Saddam Hussein le jour de la fête musulmane d’Al Adha. « Exécution à la far west », a souligné en page une le quotidien Aksam qui estime que ce « show », orchestré par les occupants américains, n’est pas digne des temps modernes. En Autriche, le Kronen-Zeitung estime que « l’Irak n’en deviendra pas plus pacifique et Saddam n’est qu’un mort de plus parmi tous ceux qui causent jour après jour la guerre civile ». Enfin, les journaux américains, notamment le New York Times, le Washington Post et le Los Angeles Times ont souligné que l’exécution de l’ancien président irakien Saddam Hussein, samedi à l’aube, aurait pu être un « triomphe » dans l’invasion américaine de l’Irak et pour beaucoup d’Irakiens, mais elle est ternie par la violence qui ravage le pays. Le New York Times a rappelé que la capture de Saddam Hussein, il y a trois ans, a été un moment de jubilation pour la Maison-Blanche, saluée par le président Bush dans une intervention télévisée. Ce même journal a fait remarquer que l’exécution de Saddam, en revanche, semble difficilement inspirer le même sentiment. La joie de la capture s’est évanouie, la sombre réalité en Irak change le climat pour Bush. Le Los Angeles Times estime que « l’impact de la mort d’Hussein devrait être limité. L’exécution ne fait que souligner les divisions persistantes en Irak ». Ce journal a précisé que de nombreux Irakiens et Américains ont attendu avec impatience le jour où justice sera rendue dans l’affaire Saddam Hussein. « Pourtant, quand c’est arrivé aujourd’hui, il a semblé que cela a été bien moins que le tournant historique que beaucoup attendaient. Avec un Irak ravagé par la violence et la confusion, la mort de l’ancien dictateur n’apparaît plus comme le signal du commencement d’un ordre nouveau », ajoute le quotidien. Le Washington Post est factuel sur l’exécution de Saddam Hussein.

Une mise en scène barbare et humiliante

Nul n’est resté indifférent à la pendaison du président irakien déchu Saddam Hussein, le premier jour de la fête musulmane de l’Aïd Al Adha. Certains ont dénoncé, d’autres ont applaudi, quelques responsables d’Etat se sont juste contentés de prendre acte de cette action des plus barbares.
La presse a dans ce contexte joué son rôle d’information. En effet, toute la presse du monde a rapporté en long et en large cet événement. Les journaux du Golfe dans leur majorité ont exprimé au lendemain de la pendaison de Saddam Hussein, à savoir dimanche passé, leur « étonnement » et par la même leur « consternation ». Le quotidien saoudien Al Watan s’est interrogé dans sa livraison de dimanche si « l’exécution de Saddam Hussein va ramener la sécurité et la stabilité en Irak et le retrait des forces d’occupation de ce pays ». Ce même journal a souligné que « la rapidité avec laquelle Saddam Hussein a été exécuté, surtout au premier jour de l’Aïd Al Adha, a suscité un sentiment d’étonnement et de consternation dans les milieux saoudiens, arabes et musulmans ». De son côté, le quotidien saoudien Al Jazira s’est indigné que l’exécution ait eu lieu au premier jour de la fête musulmane d’Al Adha. « Cette exécution fait fi des sentiments des musulmans, d’autant que plus de trois millions de fidèles étaient rassemblés dans les sanctuaires pour le pèlerinage annuel à La Mecque, en Arabie Saoudite », a dénoncé Al Jazira qui estime qu’« utiliser l’Aïd Al Adha de manière aussi vile ne rend pas service à l’Irak. Au contraire, cela accentue davantage le clivage ethnique et confessionnel ». « Penser que la pendaison de Saddam Hussein marque une nouvelle étape n’est peut-être pas faux », écrit, pour sa part, le quotidien saoudien Al Riyadh, qui pronostique « un divorce sans retour entre chiites et sunnites » irakiens. Au Qatar, le quotidien Al Raya a rapporté dans ses colonnes que « l’exécution de Saddam avec cette rapidité prouve que c’est Washington qui planifie et gère les affaires en Irak et que le gouvernement irakien exécute simplement les ordres ». Pour ce journal, il s’agit sans nul doute d’un « procès politique ». Al Raya est persuadé qu’après la pendaison de Saddam Hussein, bon nombre d’Irakiens vont voir en lui un héros national et qu’à cet effet, le nombre de ses partisans va augmenter et qu’en contrepartie le gouvernement irakien va se trouver dans une position embarrassante. Titrant « L’Irak sur la guillotine », le quotidien Al Charq du Qatar estime que « la pendaison de Saddam Hussein entre dans le cadre de la vengeance individuelle et confessionnelle ». Ce quotidien juge que « cette image n’honore pas le gouvernement du nouvel Irak ». Au Koweït, en revanche, c’est un autre son de cloche. Ce pays qui a été envahi par Saddam Hussein, l’ensemble de ses journaux se félicitent implicitement. Pour le journal Al Qabas, « la justice en Irak s’est vengée de Saddam Hussein ». De son côté, le quotidien Al Siyassa espère que « l’exécution de Saddam Hussein tournera la page de la mort en Irak et dans la région (...) et ouvrira une nouvelle ère qui sera un modèle de civilisation ». La photo de Saddam, serein, la corde passée autour du cou par ses bourreaux, fait la une de l’ensemble des journaux paraissant en Egypte. La presse égyptienne, gouvernementale ou d’opposition, était unanime à dénoncer le fait que le président irakien déchu avait été « offert en sacrifice » le jour de la fête de l’Aïd Al Adha et a consacré plusieurs pages à cet événement. Le quotidien d’opposition libéral Al Wafd titre sa une sur « Les Etats-Unis se moquent des sentiments des musulmans : Bush égorge Saddam le jour de la fête du sacrifice ». L’Aïd Al Adha commémore, rappelle le journal, le geste d’Ibrahim (Abraham) qui, selon le Coran, était sur le point d’égorger son fils Ismaïl sur ordre de Dieu lorsque ce dernier lui envoya un mouton voué au sacrifice pour épargner son fils. Ce même journal estime que l’exécution de Saddam de cette manière prouve à quel point les Etats-Unis et le régime irakien, leur allié, ont peur de l’ancien président. « Les Etats-Unis offrent Saddam en sacrifice sur l’autel de la guerre civile irakienne », note, quant à lui, le quotidien indépendant Al Masri Al Youm, en référence aux violences confessionnelles qui font rage en Irak. Le journal ne commente pas directement l’exécution de Saddam, mais donne la parole à l’ex-mufti d’Egypte, Nasr Farid Wassel, affirmant que Saddam « est mort en martyr car il a défendu sa patrie contre l’occupation ». Le quotidien Karam Gabr a, d’un côté, estimé que « Saddam ne mérite pas que l’on s’attriste pour son sort », et de l’autre, a regretté le moment choisi pour son exécution. « Saddam a été exécuté de manière humaine, contrairement aux dizaines de milliers d’Irakiens qu’il a tués », écrit ce quotidien. Le rédacteur en chef de ce journal qualifie, toutefois, cette exécution d’humiliation. « Pourquoi avoir exécuté Saddam pour les crimes contre les chiites, sans avoir pris des mesures similaires contre les (Israéliens) qui ont commis les crimes de Sabra et Chatila et à Qana, au Liban », s’est-il interrogé en s’adressant aux Américains. Les deux quotidiens gouvernementaux à plus grand tirage, Al Ahram et Al Akhbar, publient en une des photos de l’exécution, mais sans commentaires ni éditoriaux.

SADDAM S’EN VA DIGNEMENT

Lors des derniers moments avant son exécution, Saddam Hussein s'est montré calme et digne. Il n'a pas hésité à répondre aux attaques de l'assistance et a assuré une dernière fois qu'il avait sauvé les Irakiens "du dénuement et de la misère", selon plusieurs témoins. "Je vous ai sauvé du dénuement et de la misère et j'ai détruit vos ennemis, les Perses et les Américains", a répondu Saddam Hussein, selon le conseiller national irakien à la sécurité Mouwafak al-Roubaïe, à un garde qui lui avait lancé : "Tu nous as détruits ! Tu nous a tués ! Tu nous as fait vivre dans le dénuement !". A un autre moment, "il a dit que nous irons au Paradis et que nos ennemis finiront en enfer". Il a aussi lancé un appel au pardon et à l'amour entre les Irakiens et a dit que les Irakiens devaient combattre les Américains et les Perses, a rapporté à la BBC un juge de la cour d'appel. Saddam Hussein, la corde au cou, récite ensuite la chahada "il n'y a qu'un Dieu et que Mohamed est son Prophète". Saddam, qui est mort les yeux ouverts, a, quelques instants avant sa pendaison, demandé d'envoyer le Coran qu'il tenait dans ses mains à une personne.
Ceux qui ont longtemps pensé ou soutenu l’idée que l’exécution de Saddam Hussein pouvait constituer une solution à la crise irakienne doivent bien admettre aujourd’hui qu’ils se sont trompés. Et même lourdement. Car, comme il a été loisible de le constater, la pendaison expéditive de l’ancien président irakien n’aura en rien contribué à diminuer les luttes interconfessionnelles dans ce pays ; bien au contraire, celle-ci risque même de précipiter tout le Moyen-Orient dans une crise inextricable. Mais dans l’absolu, rien n’interdit de penser que le timing choisi (le premier jour de l’Aïd Al Adha) pour mettre à exécution la sentence prononcée par la justice irakienne à l’encontre de Saddam Hussein au mois de novembre dernier n’a pas pour but, justement, de faire d’une pierre deux coups. Ou même plus : c’est-à-dire affaiblir les Irakiens en exacerbant les contradictions et les différences qui opposent notamment les chiites et les sunnites et, ensuite, jeter tranquillement les bases d’un futur Etat irakien à majorité chiite pro-américain, capable d’endiguer la « menace » iranienne. Les faits pouvant participer à corroborer une telle lecture sont nombreux. Le premier d’entre eux reste bien entendu l’exécution de l’ancien maître de Baghdad qui ne peut être interprétée autrement que comme un cadeau fait par les Etats-Unis aux chiites d’Irak. Tout le monde aura effectivement compris qu’en s’arrangeant pour faire disparaître Saddam Hussein durant une fête de l’Aïd, Washington n’aura en fait que confirmé ce que tout le monde savait plus ou moins déjà, à savoir qu’elle avait une préférence intéressée pour cette communauté religieuse. Cette éventualité semble d’ailleurs avoir tellement réjoui les chiites que ceux-ci ne se sont pas gênés, au moment de l’annonce de l’exécution de Saddam Hussein, pour laisser exploser leur joie dans les rues de Baghdad, cela au moment où les sunnites du monde entier apparaissaient profondément écœurés par le sort réservé à l’ancien ennemi juré de Téhéran. L’Iran aussi a célébré sans retenue la disparition de l’ex-président irakien. N’était leur religion, les Iraniens auraient sans aucun doute sablé le champagne tant ils lui vouaient une haine sans limites. Malgré le lourd contentieux historique qui opposait l’Irak à l’Iran, l’intensité de la réaction iranienne n’est tout de même pas allée sans surprendre. Et, ainsi qu’il fallait s’y attendre, le plus grand étonnement est venu du monde arabe qui espérait des responsables iraniens une attitude beaucoup plus politique. Nombre d’observateurs ne s’expliquent pas non plus comment l’Iran a pu prendre ainsi le risque de s’aliéner les opinions arabes (qui sont majoritairement sunnites) au moment où il se confirme de plus en plus que leur pays — qui a actuellement le statut de puissance régionale — est dans le collimateur de Washington. Des opinions qui plus est l’ont, jusque-là, soutenu dans le bras de fer qui continue à l’opposer au Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du nucléaire. En ce sens, l’on trouve étonnant que Téhéran — qui a habitué à être perspicace — n’ait pas prévu que sa réaction pouvait jouer en sa défaveur et peut-être ouvrir la voie à son isolement.

LE MONDE ARABE CONSTERNE

«Une atteinte aux sentiments des musulmans»
L’exécution de Saddam Hussein a suscité de vives réactions dans les milieux politiques et au sein de l’opinion publique arabe. Bon nombre de gouvernements qualifient la pendaison de Saddam Hussein d’acte indigne d'un pays civilisé, exprimant leur profonde indignation. Opposée à la peine de mort, l’opinion publique internationale n’a pas applaudi à l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein.
Dans le monde arabe, l’exécution de l’ancien président le premier jour de l’Aid el Adha est tombée comme un couperet. La presse saoudienne estime que cette pendaison a causé surprise et consternation. Critiquant la politisation du procès de Saddam, l'agence saoudiennne (SPA), reflétant la position officielle du royaume, a estimé que la pendaison, exécutée le premier jour de l'Aïd el Adha, avait causé "surprise et consternation".
De nombreux observateurs à l’échelle mondiale s'attendaient à ce que le procès d'un ancien président dure plus longtemps et comprenne des poursuites détaillées et des procédures juridiques rigoureuses, loin de toute politisation. Les analystes saoudiens dénoncent par ailleurs le changement de juges "durant le procès et son déroulement qui s'est fait" dans des conditions d'occupation américaine. Les milieux politiques qataris qualifient cet acte ignoble de "vengeance confessionnelle" et ce, au lendemain de la diffusion d'images de la pendaison de l'ancien président irakien
"Cette exécution fait fi des sentiments des musulmans, d'autant que plus de trois millions de fidèles étaient rassemblés" pour le pèlerinage à La Mecque, dénonce le journal El Djazira, un autre quotidien saoudien.
En Irak, le Comité des oulémas musulmans, principale organisation religieuse sunnite, a accusé les Américains d'être derrière l'exécution du président irakien et appelé les Irakiens à déjouer leurs plans, dans un communiqué mis en ligne hier. "L'exécution, de cette manière, de l'ancien président irakien Saddam Hussein s'est déroulée conformément aux ordres et aux désirs de l'occupant et de certains de ses alliés à l'extérieur et à l'intérieur" de l'Irak, déclarent les membres du comité dans un communiqué. "Il s'agit d'un acte éminemment politique", estime ce texte, soulignant que le premier jour de l'Aïd el Adha a été choisi pour exécuter le raïs. Le choix de cette date "témoigne de leur haine et de leur désir de provoquer" les sunnites, poursuit le Comité.
De son côté, le Comité de défense de Saddam Hussein s'est indigné du climat qui a entouré l'exécution de l’ancien président irakien et a dénoncé le fait qu'aucun représentant de la défense n'y avait assisté. "Nous dénonçons le climat de haine et de vengeance politique qui a entouré l'exécution du président martyr Saddam Hussein", indique un communiqué du comité. "L'exécution, de cette manière, de l'ancien président irakien Saddam Hussein, le premier jour de l'Aïd el Adha, fait fi des sentiments des Arabes et des musulmans", ajoute le communiqué. "Aucun représentant de la défense n'a été informé de l'heure de l'exécution ou n'a été invité à y assister alors qu'un membre de notre comité se trouvait dans la zone verte", à Bagdad, déplore également le Comité des avocats. Le Comité accuse aussi les "autorités américaines d'occupation d'avoir délibérément ignoré les avocats".
Le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a, pour sa part, appelé le peuple irakien "au calme et à l’unité".
INDIGNATION ET CONSTERNATION
Dans la région proche-orientale, les réactions restent mitigées. A Amman, plusieurs centaines de personnes, dont la fille aînée de Saddam Hussein, Raghad, ont manifesté pour protester contre la pendaison de l'ancien président irakien.
La manifestation, organisée à l'appel de syndicats professionnels regroupant notamment médecins, ingénieurs et avocats, s'est déroulée devant l'immeuble du syndicat au centre de la capitale jordanienne. Le porte-parole du mouvement palestinien Hamas, Fawzi Barhoum, a dénoncé un "assassinat politique" qui "viole toutes les lois internationales censées protéger les prisonniers de guerre". Saddam Hussein était le plus populaire des dirigeants arabes dans les territoires palestiniens. Lors de la deuxième Intifada, il avait versé des millions de dollars aux familles des "martyrs" et des kamikazes palestiniens.
La Libye a décrété pour sa part trois jours de deuil national et annulé les festivités prévues pour la fête de l’Aïd el Adha.
Sans porter de jugement sur l’exécution, le ministère marocain des Affaires étrangères a mis l'accent sur "la nécessaire réconciliation et concorde entre les différentes composantes de la nation irakienne". A Rabat quelque deux cents manifestants marocains ont protesté contre l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein. Une manifestation similaire s'est déroulée samedi soir devant le consulat général des Etats-Unis à Casablanca.
Le Groupe d'action marocain pour le soutien à l'Irak et à la Palestine a qualifié, dans un communiqué, le procès de Saddam Husseïn de "mascarade menée par un tribunal mis sur pied par l'occupation". Les manifestants, réunis près du consulat général des Etats-Unis à l'appel d'une association locale, ont également dénoncé le "silence complice des régimes arabes".
La Tunisie considère que l'application de cette sentence, en ce jour, est une grave atteinte aux sentiments des peuples musulmans, au moment où ils célèbrent une fête religieuse sacrée

mercredi 3 janvier 2007

APRES L’EXECUTION DE SADDAM HUSSEIN

Condamnations et craintes pour l’avenir de l’Irak
Condamnations, indignation, voire dégoût, sont les sentiments qui se dégagent après l’exécution, par pendaison, le jour de l’Aïd el Adha, de l’ancien président irakien Saddam Hussein.
Son exécution est loin d'avoir fait l'unanimité à l'étranger, notamment chez les opposants à la peine de mort. Les réactions ont fusé de toute la planète et les voix, même si parfois elles ont été timides, se sont élevées pour condamner cette " sentence hâtive" et rappeler leur hostilité à la peine de mort. Si Washington voit l'exécution de Saddam Hussein comme "une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie ", la Russie, en revanche, voit dans cette exécution un facteur qui risque d'aggraver la situation en Irak et regrette que les appels internationaux à la clémence ont été ignorés. L'exécution "pourrait conduire à une dégradation de la situation politico-militaire et à une montée des tensions sectaires", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères. "Le pays sombre dans la violence et se trouve de fait au bord d'une guerre civile totale", prévient-il.
UNE NOUVELLE TRAGIQUE POUR LE VATICAN
Pour sa part, le Vatican a fermement condamné la mise à mort de Saddam et, comme d’autres capitales européennes, a qualifié la nouvelle de "tragique" allant jusqu’à dire " qu'elle violait la loi divine et risquait d'alimenter la vengeance". Ceci au moment où Pékin, conformément à sa politique de non-ingérence dans les affaires de pays tiers, qui s'est toujours opposée à l'invasion de l'Irak, n'a pas commenté l'exécution. La porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que "la Chine espère que l'Irak atteindra rapidement la stabilité et le développement".
LES ALLIES DE BUSH SE VEULENT NEUTRES
Le Canada, par la voix de chef de la diplomatie, a estimé qu’il " était trop tôt pour commenter l’exécution" de Saddam Hussein. Il a souhaité un "avenir paisible et prospère" à l'Irak. L'Australie, connue pour son opposition à la peine capitale, s’est montrée neutre en déclarant qu’elle "respecte" la
décision des autorités irakiennes. Une déclaration sans surprise, d’autant plus que le Premier ministre conservateur John Howard, est un indéfectible allié des Etats-Unis. Même position du côté de Tokyo. Le Japon, allié des Etats-Unis dans la guerre en Irak, se dit lui aussi "respecter" la décision des autorités irakiennes. "Il s'agit d'une décision prise par le nouveau gouvernement de l'Irak conformément à l'Etat de droit. Nous la respectons", a déclaré un porte-parole des Affaires étrangères. La Corée du Sud, troisième force militaire en Irak, "espère que le gouvernement irakien et la population surmonteront avec sagesse les difficultés actuelles pour atteindre l'harmonie nationale, la stabilité et la reconstruction économique".
L’EUROPE PREOCCUPEE
En Europe, le président du Conseil italien Romano Prodi s'est dit "préoccupé" à l'idée "que l'exécution de Saddam Hussein puisse accroître la tension" en Irak.
Il a jugé cette exécution "inhumaine", et appelé à la "magnanimité" du gouvernement. Pour Silvio Berlusconi, ancien président du Conseil italien, cette exécution est une "erreur politique et historique" qui " n’aidera pas l’Irak à tourner la page". Berlusconi, qui s’était engagé aux côtés de Washington en envoyant 3000 soldats italiens en guerre en Irak, a estimé que la pendaison de l’ancien président irakien est "un pas en arrière". La France, qui plaide, comme l'ensemble de ses partenaires européens, pour l'abolition universelle de la peine de mort, s’est contentée d’annoncer, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qu’elle "prend acte de l'exécution de Saddam Hussein". Paris appelle les Irakiens à "regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationales". Pour sa part, la candidate socialiste à la présidence française, Ségolène Royal, a déclaré que l'exécution de Saddam Hussein provoque en elle "un sentiment indéfinissable de dégoût. Mme Royal s’est demandé en outre "quel retentissement profond vont avoir, sur une partie de la population irakienne, les images de cette exécution diffusées dans le monde entier", en soulignant que "c'est ajouter l'humiliation à la honte".
LA CRAINTE DU REGAIN DE VIOLENCE
A Helsinki, on estime que cette exécution "pourrait s'avérer porteuse de divisions pour l'avenir de l'Irak, notamment en raison des graves critiques sur la manière dont le procès a été conduit". A Berlin où le gouvernement est contre la peine de mort, la chancelière allemande, Angela Merkel a souhaité que le peuple irakien " puisse aller sur le chemin de la non violence". A Prague, on craint que la mort de Saddam "entraîne un regain de violence". Stockholm regrette et estime que "la peine de mort à l'encontre de Saddam Hussein est regrettable". Oslo regrette l'exécution de Saddam Hussein, et estime qu'elle "ne résout pas les problèmes politiques de l'Irak". L'Autriche, pour sa part "rejette la peine de mort par principe (...), sans exception et indépendamment de la nature et de l'ampleur du crime commis". De son côté, Athènes voit dans l'exécution de Saddam Hussein "un nouveau moment dramatique de l'histoire agitée de l'Irak". Tout en espérant "qu'il soit le dernier". Les autres capitales européennes se sont contentées d’afficher leur refus à la peine de mort. Comme c’est le cas de Londres où la ministre des Affaires étrangères Margaret Beckett, s'exprimant au nom du Premier ministre Tony Blair, a estimé que Saddam Hussein avait "payé", tout en réaffirmant l'opposition de principe de son pays à la peine de mort. "Nous avons clairement fait connaître notre position aux autorités irakiennes, mais nous respectons leur décision en tant qu'Etat souverain", ajoute Mme Beckett. A New Delhi, Islamabad, Kuala Lumpur (la Malaisie assure la présidence de l’OCI), c’est l’indignation et "un triste événement".
UNE EXECUTION SANS LEGITIMITE JURIDIQUE
Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva a estimé que l’exécution de l’ancien président irakien "ne résolvait pas le problème de l'Irak". "Je ne sais pas si cela a été la justice ou une vengeance", a-t-il dit. Au Pérou, on estime que Saddam Hussein "méritait la peine maximale établie par son pays", mais l'occupation de l'Irak "prive" l'exécution de "légitimité juridique : l'a-t-on pendu pour ses crimes ou en raison (des pressions) de forces étrangères ?" s'est demandé le président péruvien Alan Garcia. Le président argentin Nestor Kirchner a condamné l'exécution de Saddam Hussein, estimant que sa pendaison "ne contribuerait pas au processus de pacification" du pays. "L'Afrique du Sud demeure convaincue que (l') exécution (de Saddam Hussein) n'est pas la panacée aux problèmes politiques actuels en Irak"


LE MONDE ARABE CONSTERNE
«Une atteinte aux sentiments des musulmans»
L’exécution de Saddam Hussein a suscité de vives réactions dans les milieux politiques et au sein de l’opinion publique arabe. Bon nombre de gouvernements qualifient la pendaison de Saddam Hussein d’acte indigne d'un pays civilisé, exprimant leur profonde indignation. Opposée à la peine de mort, l’opinion publique internationale n’a pas applaudi à l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein.
Dans le monde arabe, l’exécution de l’ancien président le premier jour de l’Aid el Adha est tombée comme un couperet. La presse saoudienne estime que cette pendaison a causé surprise et consternation. Critiquant la politisation du procès de Saddam, l'agence saoudiennne (SPA), reflétant la position officielle du royaume, a estimé que la pendaison, exécutée le premier jour de l'Aïd el Adha, avait causé "surprise et consternation".
De nombreux observateurs à l’échelle mondiale s'attendaient à ce que le procès d'un ancien président dure plus longtemps et comprenne des poursuites détaillées et des procédures juridiques rigoureuses, loin de toute politisation. Les analystes saoudiens dénoncent par ailleurs le changement de juges "durant le procès et son déroulement qui s'est fait" dans des conditions d'occupation américaine. Les milieux politiques qataris qualifient cet acte ignoble de "vengeance confessionnelle" et ce, au lendemain de la diffusion d'images de la pendaison de l'ancien président irakien
"Cette exécution fait fi des sentiments des musulmans, d'autant que plus de trois millions de fidèles étaient rassemblés" pour le pèlerinage à La Mecque, dénonce le journal El Djazira, un autre quotidien saoudien.
En Irak, le Comité des oulémas musulmans, principale organisation religieuse sunnite, a accusé les Américains d'être derrière l'exécution du président irakien et appelé les Irakiens à déjouer leurs plans, dans un communiqué mis en ligne hier. "L'exécution, de cette manière, de l'ancien président irakien Saddam Hussein s'est déroulée conformément aux ordres et aux désirs de l'occupant et de certains de ses alliés à l'extérieur et à l'intérieur" de l'Irak, déclarent les membres du comité dans un communiqué. "Il s'agit d'un acte éminemment politique", estime ce texte, soulignant que le premier jour de l'Aïd el Adha a été choisi pour exécuter le raïs. Le choix de cette date "témoigne de leur haine et de leur désir de provoquer" les sunnites, poursuit le Comité.
De son côté, le Comité de défense de Saddam Hussein s'est indigné du climat qui a entouré l'exécution de l’ancien président irakien et a dénoncé le fait qu'aucun représentant de la défense n'y avait assisté. "Nous dénonçons le climat de haine et de vengeance politique qui a entouré l'exécution du président martyr Saddam Hussein", indique un communiqué du comité. "L'exécution, de cette manière, de l'ancien président irakien Saddam Hussein, le premier jour de l'Aïd el Adha, fait fi des sentiments des Arabes et des musulmans", ajoute le communiqué. "Aucun représentant de la défense n'a été informé de l'heure de l'exécution ou n'a été invité à y assister alors qu'un membre de notre comité se trouvait dans la zone verte", à Bagdad, déplore également le Comité des avocats. Le Comité accuse aussi les "autorités américaines d'occupation d'avoir délibérément ignoré les avocats".
Le secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a, pour sa part, appelé le peuple irakien "au calme et à l’unité".
INDIGNATION ET CONSTERNATION
Dans la région proche-orientale, les réactions restent mitigées. A Amman, plusieurs centaines de personnes, dont la fille aînée de Saddam Hussein, Raghad, ont manifesté pour protester contre la pendaison de l'ancien président irakien.
La manifestation, organisée à l'appel de syndicats professionnels regroupant notamment médecins, ingénieurs et avocats, s'est déroulée devant l'immeuble du syndicat au centre de la capitale jordanienne. Le porte-parole du mouvement palestinien Hamas, Fawzi Barhoum, a dénoncé un "assassinat politique" qui "viole toutes les lois internationales censées protéger les prisonniers de guerre". Saddam Hussein était le plus populaire des dirigeants arabes dans les territoires palestiniens. Lors de la deuxième Intifada, il avait versé des millions de dollars aux familles des "martyrs" et des kamikazes palestiniens.
La Libye a décrété pour sa part trois jours de deuil national et annulé les festivités prévues pour la fête de l’Aïd el Adha.
Sans porter de jugement sur l’exécution, le ministère marocain des Affaires étrangères a mis l'accent sur "la nécessaire réconciliation et concorde entre les différentes composantes de la nation irakienne". A Rabat quelque deux cents manifestants marocains ont protesté contre l'exécution de l'ancien président irakien Saddam Hussein. Une manifestation similaire s'est déroulée samedi soir devant le consulat général des Etats-Unis à Casablanca.
Le Groupe d'action marocain pour le soutien à l'Irak et à la Palestine a qualifié, dans un communiqué, le procès de Saddam Husseïn de "mascarade menée par un tribunal mis sur pied par l'occupation". Les manifestants, réunis près du consulat général des Etats-Unis à l'appel d'une association locale, ont également dénoncé le "silence complice des régimes arabes".
La Tunisie considère que l'application de cette sentence, en ce jour, est une grave atteinte aux sentiments des peuples musulmans, au moment où ils célèbrent une fête religieuse sacrée
Synthèse Safia D.
SADDAM S’EN VA DIGNEMENT
Lors des derniers moments avant son exécution, Saddam Hussein s'est montré calme et digne. Il n'a pas hésité à répondre aux attaques de l'assistance et a assuré une dernière fois qu'il avait sauvé les Irakiens "du dénuement et de la misère", selon plusieurs témoins. "Je vous ai sauvé du dénuement et de la misère et j'ai détruit vos ennemis, les Perses et les Américains", a répondu Saddam Hussein, selon le conseiller national irakien à la sécurité Mouwafak al-Roubaïe, à un garde qui lui avait lancé : "Tu nous as détruits ! Tu nous a tués ! Tu nous as fait vivre dans le dénuement !". A un autre moment, "il a dit que nous irons au Paradis et que nos ennemis finiront en enfer". Il a aussi lancé un appel au pardon et à l'amour entre les Irakiens et a dit que les Irakiens devaient combattre les Américains et les Perses, a rapporté à la BBC un juge de la cour d'appel. Saddam Hussein, la corde au cou, récite ensuite la chahada "il n'y a qu'un Dieu et que Mohamed est son Prophète". Saddam, qui est mort les yeux ouverts, a, quelques instants avant sa pendaison, demandé d'envoyer le Coran qu'il tenait dans ses mains à une personne




Ceux qui ont longtemps pensé ou soutenu l’idée que l’exécution de Saddam Hussein pouvait constituer une solution à la crise irakienne doivent bien admettre aujourd’hui qu’ils se sont trompés. Et même lourdement. Car, comme il a été loisible de le constater, la pendaison expéditive de l’ancien président irakien n’aura en rien contribué à diminuer les luttes interconfessionnelles dans ce pays ; bien au contraire, celle-ci risque même de précipiter tout le Moyen-Orient dans une crise inextricable. Mais dans l’absolu, rien n’interdit de penser que le timing choisi (le premier jour de l’Aïd Al Adha) pour mettre à exécution la sentence prononcée par la justice irakienne à l’encontre de Saddam Hussein au mois de novembre dernier n’a pas pour but, justement, de faire d’une pierre deux coups. Ou même plus : c’est-à-dire affaiblir les Irakiens en exacerbant les contradictions et les différences qui opposent notamment les chiites et les sunnites et, ensuite, jeter tranquillement les bases d’un futur Etat irakien à majorité chiite pro-américain, capable d’endiguer la « menace » iranienne. Les faits pouvant participer à corroborer une telle lecture sont nombreux. Le premier d’entre eux reste bien entendu l’exécution de l’ancien maître de Baghdad qui ne peut être interprétée autrement que comme un cadeau fait par les Etats-Unis aux chiites d’Irak. Tout le monde aura effectivement compris qu’en s’arrangeant pour faire disparaître Saddam Hussein durant une fête de l’Aïd, Washington n’aura en fait que confirmé ce que tout le monde savait plus ou moins déjà, à savoir qu’elle avait une préférence intéressée pour cette communauté religieuse. Cette éventualité semble d’ailleurs avoir tellement réjoui les chiites que ceux-ci ne se sont pas gênés, au moment de l’annonce de l’exécution de Saddam Hussein, pour laisser exploser leur joie dans les rues de Baghdad, cela au moment où les sunnites du monde entier apparaissaient profondément écœurés par le sort réservé à l’ancien ennemi juré de Téhéran. L’Iran aussi a célébré sans retenue la disparition de l’ex-président irakien. N’était leur religion, les Iraniens auraient sans aucun doute sablé le champagne tant ils lui vouaient une haine sans limites. Malgré le lourd contentieux historique qui opposait l’Irak à l’Iran, l’intensité de la réaction iranienne n’est tout de même pas allée sans surprendre. Et, ainsi qu’il fallait s’y attendre, le plus grand étonnement est venu du monde arabe qui espérait des responsables iraniens une attitude beaucoup plus politique. Nombre d’observateurs ne s’expliquent pas non plus comment l’Iran a pu prendre ainsi le risque de s’aliéner les opinions arabes (qui sont majoritairement sunnites) au moment où il se confirme de plus en plus que leur pays — qui a actuellement le statut de puissance régionale — est dans le collimateur de Washington. Des opinions qui plus est l’ont, jusque-là, soutenu dans le bras de fer qui continue à l’opposer au Conseil de sécurité de l’ONU sur la question du nucléaire. En ce sens, l’on trouve étonnant que Téhéran — qui a habitué à être perspicace — n’ait pas prévu que sa réaction pouvait jouer en sa défaveur et peut-être ouvrir la voie à son isolement.




Réactions

DECLARATION DU GOUVERNEMENT
L'Algérieappelle les Irakiens de tous bords
à un ressaisissement salutaire
A la suite de l'exécution de l'ancien président de la République irakienne, le Gouvernement algérien a rendu publique la déclaration suivante : "Monsieur Saddam Hussein, ancien président irakien, fait prisonnier de guerre, a été exécuté suite à une condamnation à mort pour des actes relevant de ses activités à la tête de l'Etat irakien. Sa culpabilité a été établie par un jugement des hommes dans des circonstances et dans un contexte faisant l'objet d'appréciations antagonistes et de positions polarisées. Cet événement et les actions de l'ancien chef de l'Etat irakien relèvent désormais du jugement de l'histoire et l'évaluation de sa vie appartient au jugement de Dieu. L'Algérie regrette la mise à mort de l'ancien président Saddam Hussein le jour de l'Aïd El Adha, jour sacré, dont l'esprit originel, évocateur de sacrifices, s'est sublimé dans les valeurs du pardon, de la clémence et de la générosité pour tout le monde arabo-musulman. L'Algérie forme le vœu que ce développement n'ajoutera pas à un surcroît de violence et d'épreuves à la tragédie que vit le peuple irakien frère. Elle appelle les Irakiens de tous bords à un ressaisissement salutaire pour assurer un avenir qualitativement meilleur à leur pays dans l'unité de son peuple, l'intégrité de son territoire et la plénitude de sa souveraineté"
LES PARTIS POLITIQUES ALGERIENS
«Un crime odieux et abominable»
"La condamnation à mort de Saddam Hussein, ancien chef de l'Etat irakien, relève désormais du jugement de l'Histoire et l'évaluation de sa vie appartient au jugement de Dieu", s’indigne l’Etat algérien. L’Algérie regrette ainsi cet acte perpétré notamment le jour de l'Aïd el Adha, "jour sacré, dont l'esprit originel, évocateur de sacrifices, s'est sublimé dans les valeurs du pardon, de la clémence et de la générosité pour tout le monde arabo-musulman".
"Indignés", des responsables de partis politiques algériens ont estimé, pour leur part, que l’exécution de Saddam Hussein est "un crime odieux et abominable et une provocation du peuple irakien et des peuples musulmans". Ils sont unanimes à souligner que cet acte "n'arrangera en rien la situation en Irak qui vit toujours sous l'occupation américaine"
Karima A.
FLN
«Un assassinat politique»
Le Front de la libération nationale qualifie d'"assassinat politique" l'exécution du "prisonnier de guerre" Saddam Hussein. Selon le parti de Belkhadem, il s’agit "d’une humiliation et d’une provocation aux sentiments des musulmans", d'autant que sa mise à mort est intervenue à l'aube du premier jour de l'Aïd el Adha.
Les militants du FLN ont appris la nouvelle de l'exécution de Saddam Hussein "avec tristesse, indignation et consternation", lit-on dans un communiqué du parti qui a qualifié, par ailleurs, son exécution de "violation du caractère sacré de l'Aïd el Adha et des mois sacrés, d'humiliation et de provocation aux sentiments des musulmans, des Arabes ainsi que de tous les nationalistes jaloux de la souveraineté de leurs pays".
Saddam Hussein n'a nullement été renversé par "son peuple, ni son armée", indique le communique du FLN, "il a été fait prisonnier de guerre par des forces non irakiennes que le Conseil de sécurité a qualifiées de forces d'occupation", en ajoutant que l'ancien président irakien "a été jugé par une instance mue par un esprit de communautarisme haineux qui n'a ni foi ni loi".
"Même si l'homme ne fut pas au-dessus de tout reproche", son exécution constitue "un assassinat politique d'un dirigeant arabe qui croyait en la Nation, en une Palestine arabe et en un Irak souverain", ajoute encore le FLN, en déclarant "qu’il est désormais évident pour tout un chacun qu'une liberté offerte est vite proscrite, seule une liberté arrachée est pérenne".
RND
«Atteinte aux sentiments du monde islamique»
De son côté, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), M. Miloud Chorfi a indiqué que "le Rassemblement déplore l’exécution de l'ancien chef de l'Etat irakien, d'autant plus qu'elle a eu lieu le jour de la fête de l'Aïd el Adha, ce qui représente une atteinte aux sentiments du monde islamique".
PT
«Une exécution qui sort de l'esprit des droits»
Dans le même contexte, le responsable de la communication du Parti des travailleurs (PT), M. Djelloul Djoudi, a estimé que cette exécution "sort de l'esprit des droits" eu égard de la situation de l'Irak et aussi parce qu'elle est intervenue le jour de l'Aïd el Adha.
"La mort de Saddam ne règle pas le problème de l'Irak", selon le PT qui juge que cet acte est "plus qu'abominable".
MNR
«Un crime commis par les alliés des Américains»
"Le président du Mouvement national de la reforme (MNR), M. Abdellah Djaballah a estimé pour sa part que "l'exécution de Saddam est un crime commis par les alliés des Américains et les traîtres et prouve que ces derniers n'ont aucun scrupule avec les musulmans en exécutant Saddam un jour de fête des musulmans".
Saddam était, à ses yeux, "un prisonnier de guerre et aurait dû être jugé en cette qualité par un tribunal international avec toute les garanties de défense, chose qui n'a pas été faite".
RCD
«Ça ne réglera en rien les problèmes en Irak»
Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a estimé aussi, selon son porte-parole, M. Mohcen Belabbès, que "l'exécution de Saddam Hussein aggraverait les conflits interconfessionnels dans ce pays", ajoutant que "les attentats terroristes en Irak vont sûrement se poursuivre."
Barbare !
C’est par un acte barbare qui défie les droits de l’Homme que l’année 2006 s’est achevée. Un signe prémonitoire d’une pax americana dans un Grand Moyen-Orient. La mise à mort du président irakien, Sadam Hussein, divise encore plus le pays.
Les sunnites, humiliés par l’exécution de leur leader, sous injonction de Washington et d’un gouvernement à grande composante chiite, se sont redéployés autour d’une solidarité avec l’ex-leader du Baâth. En accélérant son exécution, en dépit d’une loi interdisant l’application des sanctions durant les fêtes religieuses, l’Administration américaine, responsable de l’acte politique, a proféré, à l’adresse du monde arabe et musulman, un message lourd de conséquences. En Mésopotamie, la plaie béante provoquée par la pendaison de Saddam Hussein marque un nouveau tournant dans la crise irakienne.
Les composantes naturelles d’un conflit sectaire entre sunnites et chiite, branche safawide qui a précipité l’assassinat de Saddam, sont ravivées dan l’ordre de mérite du plan de morcellement de l’Irak. L’amputation du pays des deux rives de son entité unitaire ouvre la boîte de Pandore qui fait jaillir tous les malheurs des guerres confessionnelles. L’après-Saddam plonge encore plus l’Irak dans l’œil du cyclone. Les baâthistes, loyaux à l’ex-chef d’Etat, conviés à la réconciliation par le gouvernement Maliki, se sentent trahis, humiliés. Le vieux parti de la nation irakienne plonge dans la clandestinité pour prendre place aux côtés des insurgés. A Bagdad, l'exécution de Saddam Hussein n'a été saluée que par quelques tirs de joie dans les quartiers majoritairement chiites. Le dirigeant kurde Massoud Barzani s'est, lui aussi, réjoui de l'exécution, tout en rappelant l'importance de la poursuite du procès Anfal dans lequel l'ancien président est accusé de génocide contre les Kurdes. Quant au parti Baâth irakien dissous, qui était au pouvoir sous Saddam Hussein, il a appelé les Irakiens à "frapper sans merci" les occupants américains et l'Iran mais à ne pas plonger l'Irak dans une guerre civile pour venger l'exécution du Raïs.
Les prémices de cette ferme volonté de rester fidèles à la ligne de l’ex-président se sont déjà exprimées à l’occasion des funérailles, à travers l’afflux pour le dernier hommage et les tentatives de manifestations populaires dans sa ville natale. L’exécution de Saddam risque de plonger l’Irak encore un peu plus dans le chaos et la fitna