mercredi 3 janvier 2007

APRES L’EXECUTION DE L’EX-PRESIDENT SADDAM HUSSEIN

Les analystes sont unanimes. L’exécution, barbare de l’ex-président irakien Saddam Hussein, à l’aube du jour sacré de l’Aïd el Adha, ne peut être interprétée que comme une nouvelle humiliation infligée au monde arabe et musulman par ceux qui régentent la planète.
Mais bien plus, elle promet de plonger le centre de gravité de la Terre, le Moyen-Orient, dans une instabilité qui risque, à terme, de mettre en danger la paix mondiale.
Cette nouvelle "bourde" des néo-conservateurs, encore au pouvoir à Washington, va sans nul doute booster le "choc des civilisations", raviver avec plus d’acuité le conflit historique entre chiites et sunnites et menacer le Golfe persique et le Moyen-Orient de morcellement.
Depuis l’invasion de l’Irak par les troupes coalisées sous l’égide de l’Amérique impériale, en 2003, la région s’enfonce chaque jour dans une crise presque sans issue. Les foyers de tensions se multiplient et les risques d’embrasement de toute cette zone stratégique sont plus que jamais d’actualité.
Il est clair que le clan des néo-conservateurs du parti républicain (Bush-Cheney-Rumsfeld -Wolfowitz) travaille sur la base d’une stratégie qui vise à affaiblir et diviser le monde arabo-musulman.
Cet objectif, qui devrait ouvrir la voie à la mise en application du GMO et la partition du monde arabe en régions autonomes sous couvert de fédéralisme, passe par l’avènement de plusieurs pôles d’influences antagonistes dans ce vaste espace et l’exacerbation des tensions confessionnelles.
Aussi, l’exclusion des sunnites des centres de décision en Irak au bénéfice des chiites et des Kurdes, contrairement aux visées exprimées dans le discours officiel de l’Administration américaine, fait émerger l’Iran comme pays incontournable au détriment des alliés traditionnels de Washington dans la région.
Certains analystes considèrent même la remise de Saddam à ses bourreaux chiites comme un geste fort de l’Administration américaine vis-à-vis de Téhéran. Il n’est un secret pour personne que l’influence iranienne en Irak est de plus en plus importante tout comme l’est le soutien de certains régimes arabes de la région aux insurgés sunnites. En "offrant" l’ex-président irakien aux chiites, Washington espèrerait, en retour, une intervention des Iraniens pour calmer le front irakien.
D’ailleurs, la réaction ne s’est pas fait attendre, et le chef du gouvernement irakien, conformément aux recommandations du plan Baker, a tôt fait d’inviter le parti Baâth à rejoindre le processus de réconciliation inter irakienne. Un vœu pieu qui n’a qu’une infime chance de porter. Bien au contraire. Une bonne part des sunnites irakiens ont affiché leur ferme intention de poursuivre le combat de celui qui, aujourd’hui, porte la livrée de martyr.
Un engagement qui ne fera qu’accentuer le morcellement de l’Irak et que renforcer les germes de la fitna dans l’ensemble du monde arabe. Les chiites, qui sont en définitive les principaux bénéficiaires de la guerre d’Irak, ont le vent en poupe, même s’ils ne représentent que 10% de la communauté musulmane de la planète. Majoritaires en Irak (près de 60% de la population), au Liban (30%), à Bahreïn, au pouvoir en Syrie, ils sont également majoritaires (60%) dans la province du Hassa en Arabie Saoudite, zone qui abrite une grande part des champs pétrolifères saoudiens. De ce fait, des rapports des services secrets occidentaux font état d’une surveillance accrue des minorités chiites dans les pays du Golfe.
C’est dire que la région repose sur une véritable poudrière que l’exécution de Saddam risque de doper fortement. Et à moins d’une prise de conscience de la oumma musulmane, toutes obédiences confondues, le monde arabo-musulman est sous la sérieuse menace d’une fitna généralisée et d’une partition souhaitée par tous ceux qui poussent au choc des civilisations.
La «sentence» de Nelson Mandela à l’adresse de Bush, «vous êtes un danger pour la paix mondiale», prend aujourd’hui tout son sens .

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